Période d’essai en alternance : tout ce qu’il faut savoir

Mis à jour le 03 Septembre 2025
chloe.larmignat
L'alternance est devenue une voie d'excellence pour concilier études et expérience professionnelle. Avec plus d'un million de contrats signés chaque année, le dispositif séduit étudiants et entreprises. Mais une question revient systématiquement : quelles sont les règles applicables à la période d'essai en alternance ? Entre contrat d'apprentissage et contrat de professionnalisation, les modalités diffèrent, et les conséquences d'une rupture ne sont pas anodines.
Période d'essai ou période probatoire : une distinction essentielle
En droit du travail, la période d'essai permet à l'employeur d'évaluer les compétences du salarié, et au salarié de vérifier que le poste et l'entreprise lui conviennent. Elle commence dès le premier jour de travail.
En alternance, il faut distinguer deux régimes :
- Contrat de professionnalisation : il relève des règles classiques du Code du travail. On parle bien d'une période d'essai.
- Contrat d'apprentissage : depuis la réforme du 19 août 2015, on parle de période probatoire, dont la durée et les modalités sont spécifiques.
Dans les deux cas, la période d'essai (ou probatoire) doit être mentionnée dans le contrat de travail de l'alternant.
Quelle durée pour la période d'essai en alternance ?
Contrat d'apprentissage : 45 jours probatoires
L'article L6222-18 du Code du travail fixe une période probatoire de 45 jours en entreprise, consécutifs ou non. Les jours passés en formation au CFA ne sont pas pris en compte.
Pendant cette période, l'employeur comme l'apprenti peuvent rompre le contrat librement, sans justification, et sans délai de prévenance.
À noter : en cas de signature d'un nouveau contrat d'apprentissage après une rupture, la période probatoire est réduite :
- 1 jour par semaine travaillée, dans la limite de 2 semaines pour un contrat inférieur à 6 mois.
- 1 mois maximum pour un contrat supérieur à 6 mois.
Contrat de professionnalisation : règles de droit commun
Pour le contrat de professionnalisation, la durée de la période d'essai varie selon la nature du contrat et la catégorie du poste :
- CDD de moins de 6 mois : 1 jour par semaine de contrat, avec un plafond de 2 semaines.
- CDD de plus de 6 mois : 1 mois maximum.
- CDI : 2 mois pour les employés, 3 mois pour les agents de maîtrise et techniciens, 4 mois pour les cadres.
Ces durées peuvent être prolongées une fois si une convention collective le prévoit. En revanche, la période probatoire d'un apprenti n'est jamais renouvelable.
Rupture de la période d'essai : quelles règles ?
À l'initiative de l'employeur
En contrat d'apprentissage, la rupture pendant la période probatoire doit être notifiée par écrit, notamment au CFA et à l'organisme qui a enregistré le contrat. Aucun préavis ni indemnité n'est requis.
En contrat de professionnalisation, l'employeur peut rompre la période d'essai mais doit respecter un délai de prévenance proportionnel à la durée de présence de l'alternant (24 h s'il a travaillé moins de 8 jours, jusqu'à 1 mois au-delà de 3 mois de présence).
À l'initiative de l'alternant
L'alternant peut également mettre fin à la période d'essai.
En apprentissage, il doit notifier sa décision par écrit à l'employeur, au CFA et à l'organisme d'enregistrement. Aucun préavis n'est exigé.
En professionnalisation, il doit informer son employeur et respecter un délai de prévenance (24 ou 48 h selon son temps de présence).
Dans tous les cas, l'employeur doit remettre les documents de fin de contrat : certificat de travail, attestation Pôle emploi et solde de tout compte.
Période d'essai alternance et embauche ultérieure
Une règle protectrice existe : si l'alternant est recruté en CDD ou CDI dans la même entreprise après son contrat, aucune période d'essai ne peut lui être imposée pour les mêmes missions. En revanche, si les fonctions diffèrent, l'employeur peut prévoir une nouvelle période d'essai, souvent réduite en fonction de la durée du contrat précédent.
Un enjeu pour la qualité de l'alternance
La période d'essai en alternance est une étape cruciale. Elle offre une flexibilité bienvenue aux entreprises, tout en donnant aux étudiants une marge de manœuvre pour confirmer leur orientation. Mais son usage pose une question de fond : faut-il privilégier la souplesse des ruptures ou renforcer la stabilité des parcours ?
Dans un contexte où près d'un contrat sur trois n'arrive pas à son terme, le débat reste ouvert. Le gouvernement réfléchit à des dispositifs d'accompagnement renforcés pour éviter les décrochages, notamment via les CFA et les missions locales.
En résumé
- Apprentissage : période probatoire de 45 jours en entreprise, non renouvelable.
- Professionnalisation : période d'essai classique du Code du travail (CDD ou CDI), renouvelable sous conditions.
- Rupture possible par l'une ou l'autre partie, avec des obligations formelles distinctes.
Comprendre ces règles est essentiel pour sécuriser son parcours en alternance, tant pour l'entreprise que pour le jeune salarié.