Contrat d'apprentissage : comprendre les règles et enjeux de la rupture

Mis à jour le 03 Septembre 2025
fabienne.baschet
Le contrat d'apprentissage est aujourd'hui l'un des leviers majeurs de l'insertion professionnelle en France. Plébiscité par plus d'un million de jeunes chaque année, il combine formation théorique et expérience en entreprise. Mais derrière ce succès se cache une réalité souvent méconnue : la rupture du contrat d'apprentissage, qui touche près d'un tiers des jeunes. Comment fonctionne cette rupture ? Quelles en sont les causes, les conséquences et les alternatives ?
Qu'est-ce qu'une rupture de contrat d'apprentissage ?
La rupture d'un contrat d'apprentissage désigne la fin anticipée de la relation de travail entre l'apprenti et l'employeur avant la date prévue. Elle peut intervenir dans plusieurs cas :
Pendant la période probatoire (45 jours en entreprise) : l'employeur comme l'apprenti peuvent mettre fin au contrat librement, sans justification ni préavis.
Après la période probatoire : la rupture doit obéir à des règles précises (accord écrit entre les parties, faute grave, force majeure, inaptitude, ou décision du conseil des prud'hommes).
Cette distinction entre rupture libre et rupture encadrée est essentielle pour comprendre les droits et obligations des deux parties.
Pourquoi les ruptures sont-elles fréquentes ?
Les chiffres du ministère du Travail estiment qu'environ 28 % des contrats d'apprentissage sont rompus avant leur terme. Plusieurs facteurs expliquent ce taux élevé :
Mauvais choix d'orientation : de nombreux jeunes découvrent que le métier visé ne correspond pas à leurs attentes.
Manque d'accompagnement : certaines entreprises, notamment les petites structures, n'ont pas les moyens ou le temps de former efficacement un apprenti.
Conditions de travail difficiles : horaires contraignants, pression, ou absence de perspectives.
Motifs personnels : problèmes de santé, déménagement, volonté de changer de projet professionnel.
Quelles sont les conséquences d'une rupture pour l'apprenti ?
Une rupture peut fragiliser le parcours du jeune. Elle entraîne souvent :
une perte de revenu immédiate, puisque l'apprenti perçoit un salaire lié à son contrat ;
une interruption de formation, qui peut retarder l'obtention du diplôme ;
un risque de décrochage, car seuls un peu plus d'un apprenti sur deux parvient à retrouver rapidement un nouveau contrat.
Cependant, une rupture peut aussi avoir des effets positifs : elle permet parfois à un jeune de rebondir dans une entreprise plus adaptée à son projet professionnel, voire de signer un CDI directement.
Quelles obligations pour l'employeur en cas de rupture ?
En cas de rupture, l'employeur doit respecter certaines formalités :
remettre les documents de fin de contrat (certificat de travail, attestation Pôle emploi, solde de tout compte) ;
notifier la rupture aux organismes concernés (CFA, opérateur de compétences) ;
dans certains cas, justifier la rupture (faute grave, inaptitude).
Le non-respect de ces obligations peut exposer l'entreprise à des litiges.
Comment éviter une rupture de contrat d'apprentissage ?
Plusieurs pistes existent pour limiter le nombre de ruptures :
Mieux préparer les choix d'orientation grâce à l'accompagnement des établissements scolaires et des CFA.
Renforcer l'intégration de l'apprenti avec un tutorat clair et une communication régulière.
Valoriser le rôle du maître d'apprentissage, qui doit être formé et reconnu.
Encourager les dispositifs de suivi : missions locales, conseillers Pôle emploi, cellules d'écoute dans les CFA.
Rupture du contrat d'apprentissage : synthèse des enjeux
Le contrat d'apprentissage reste un outil efficace d'insertion professionnelle, mais la rupture prématurée en révèle les limites. Pour l'apprenti, elle peut être une étape difficile mais parfois salutaire. Pour l'entreprise, elle représente un coût humain et organisationnel. L'enjeu des prochaines années sera de renforcer l'accompagnement des jeunes et des employeurs pour réduire ces ruptures et assurer une alternance de qualité.