Ce qui motive les salariés français aujourd'hui

Mis à jour le 14 Juin 2022

Anonyme (non vérifié)

Lire l'article sur "Les Echos.fr"



Ici et maintenant ! Tel semble être le mot d'ordre des salariés français, selon une étude sur la motivation, menée en exclusivité avec « Les Echos » par le site de recrutement Meteojob et le cabinet de conseil en RH Alixio (*). Avis aux Cassandre : les deux tiers des 23 millions de salariés de l'Hexagone se déclarent « motivés par l'idée d'aller travailler le matin ». Mais pas à tout prix. Car la proximité, le concret et le quotidien prennent le pas sur les discours lointains. D'ailleurs, 64 % des salariés se disent attirés par les PME.


Or, constat déroutant, les ressorts historiques des employeurs pour fidéliser leurs troupes laissent nombre de collaborateurs de marbre. Hormis la rémunération, que le sondage n'a volontairement pas prise en compte, les salariés se mobilisent par passion pour le contenu de leur poste, privilégient, entre autres, l'autonomie, l'ambiance et la notion d'équipe mais dédaignent l'engagement sociétal plus abstrait ou le fait que leur entreprise soit leader. « L'éthique ou la satisfaction des clients sont aux premiers rangs de leurs motivations alors qu'on pense aux formations, à l'image du groupe, à la marque employeur, à la sécurité de l'emploi ou aux projets d'entreprise », s'étonne Francis Bergeron, DRH de SGS France, spécialiste de l'inspection, de l'analyse et de la certification, qui compte 2.550 salariés dans l'Hexagone. « Les gens ont un rapport à l'entreprise plus utilitaire, ils veulent en être partie prenante », estime-t-il.

Etre mieux informé des enjeux de leur société

Aux yeux des salariés, le déficit d'information demeure : 62 % des sondés, y compris 44 % de cadres, se considèrent « pas assez informés » des enjeux de leur société. Un constat « effarant, c ompte tenu du rôle des cadres », estime Eric Peres, secrétaire général de FO-cadres, et que les dirigeants déplorent. « Nous avons l'impression de faire le maximum. Sans doute les exigences sont-elles plus fortes encore », poursuit Francis Bergeron. Mais, à l'heure où des millions de données sur Internet saturent les esprits, « les collaborateurs ont soif de messages qui leur sont propres et qui les concernent », estime Pascale Chastaing-Doblin, associée, responsable des RH du cabinet Deloitte France .


Et « ils attendent que l'information vienne de l'intérieur, que leur PDG donne sa vision », commente Rebecca Meimoun, DRH du groupe de conseil et d'informatique Keyrus. Coté en Bourse, Keyrus se montre pédagogue. « Nos communiqués s'assortissent toujours, en interne, d'une petite explication de texte venant de la direction générale et diffusée à tous nos collaborateurs. D'ailleurs, a ujourd'hui, une information doit être communiquée plusieurs fois pour être bien intégrée », raconte-t-elle. Le groupe organise aussi des petits déjeuners mensuels sur sa stratégie entre sa direction générale et ses collaborateurs. De son côté, Deloitte propose, régulièrement, des webcasts où le management répond aux équipes. Car, s'ils n'ont pas toujours une culture du chiffre, les salariés sont loin d'être insensibles aux enjeux économiques, surtout chez les jeunes : la rentabilité financière de la société est jugée primordiale pour 33 % des répondants.

L'éthique plutôt que l'engagement sociétal

« Il faut aussi être vigilant au décalage entre l'image qu'une société donne à l'extérieur et le vécu des salariés, souligne Pascale Chastaing-Doblin. La défiance surgit dès que les comportements et la communication externe manquent de cohérence. En interne, c'est parfois contre-productif. Nous avons une fondation pour l'éducation et le développement solidaire. Nos collaborateurs considèrent leur contribution comme un acte privé et ne souhaitent pas qu'elle soit récupérée de façon systématique pour en faire un outil marketing. Ils refusent les mélanges. »


Est-ce dû à de trop nombreux discours ? L'engagement sociétal des entreprises ne séduit que 4 % des sondés. « L'engagement doit passer par les salariés et être sincère, constate Marko Vujasinovic, coauteur de l'étude et président de Meteojob. L'entreprise doit d'abord être irréprochable sur son propre écosystème . »


A l'inverse, les valeurs éthiques et morales au quotidien sont les plus recherchées. « La fierté d'appartenance est ancrée sur des éléments lisibles et mesurables au jour le jour auxquels les équipes peuvent rattacher leur contribution immédiate », analyse Pascale Chastaing-Doblin.

La satisfaction clients et les produits sont source de fierté

De fait, ce dont ils sont le plus fiers, ce sont à 60 % la qualité des services ou des produits. « Lorsqu'on est f ace à un Airbus, sur une chaîne de production, qui incarne tous les corps de métier, il y a un silence absolu. Une magie s'opère », raconte Eric Peres, chez FO-cadres. Quant à la satisfaction clients, « c'est un levier inexploité, estime Marko Vujasinovic. Mais, là encore, c'est du concret ». Les salariés y sont d'autant plus sensibles qu'eux-mêmes sont des consommateurs. Mais ce n'est pas tout. « La satisfaction clients, c'est aussi une source de reconnaissance directe et immédiate pour les collaborateurs », estime Pascale Chastaing-Doblin. Ils en ont soif : plus de 50 % d'entre eux ont des « attentes non satisfaites en matière de reconnaissance de leur travail ».


D'autant qu'elle est souvent peu formulée. « La France est un des pays où l'on dit le plus rarement à quelqu'un qu'il a fait du bon travail, contrairement au monde anglo-saxon où l'on félicite à l'excès », observe Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur associé à HEC Paris.

Les PDG suscitent l'indifférence

Un management défaillant reste l'une des premières sources de démotivation, avec l'ambiance dégradée. « Il y a une défiance croissante par rapport à la hiérarchie. Or, aujourd'hui, le management, à tous les échelons, est écartelé entre des injonctions contradictoires », affirme Caroline Dana, directeur associé chez Alixio.


Peu importe, aussi, qu'un PDG soit charismatique, populaire ou respecté. Un phénomène saillant dans les grands groupes, où 58 % des collaborateurs se déclarent « indifférents » au patron. Tandis que 14 % disent qu'il les démotive, contre 27 % qui affirment l'inverse. Même dans les PME, où la proximité est de mise, l'indifférence à l'égard du PDG gagne près d'un salarié sur deux (46 %).


« Le nombre de salariés motivés par leur numéro un est toutefois supérieur aux démotivés », tempère Marko Vujasinovic. Mais le phénomène s'explique. Les débats sur les salaires des patrons ont sans doute égratigné leur image. « Il y a assez peu de PDG exemplaires, commente Charles-Henri Besseyre des Horts. Et comment s'identifier à quelqu'un pointé du doigt dans les médias ? »


En outre, la distance entre patron et salariés s'accroît à mesure que les groupes s'internationalisent ou que les PME grandissent. « Les entreprises sont moins incarnées par un seul homme. D'ailleurs, de Microsoft à Apple, beaucoup de fondateurs ne sont plus à la barre. C'est la fin, aussi, des dynasties familiales. Les patrons sont donc perçus comme interchangeables », relève-t-il. D'autant qu'ils ne sont pas à l'abri d'être remerciés. Mais, pour Francis Bergeron de SGS, les salariés ont gagné en maturité : « Il faut rompre avec la vision romantique du capitaine de vaisseau qui tire ses troupes. La complexité des organisations est telle que faire tout reposer sur les épaules d'un homme providentiel serait irréaliste. »

Davantage d'autonomie vis-à-vis de l'entreprise

Les salariés se montrent aussi plus détachés à l'égard de l'entreprise : que celle-ci figure parmi les trois premières de son secteur n'est un sujet de fierté que pour 12 % des répondants. Et, côté motivation, les projets d'entreprise remportent moins de 10 % des suffrages. Même si le phénomène va davantage de soi chez les moins de 30 ans que chez leurs aînés : les plus de 45 ans estiment que la compétitivité est liée aux enjeux d'organisation et qu'elle passe par une plus grande implication du management. Pas les jeunes. « Les seniors, qui ont sans doute été davantage confrontés à l'impact de décisions RH, attendent encore tout de l'entreprise. Les jeunes n'y croient pas. Ils se soucient davantage des enjeux globaux. C'est la fin de l'entreprise qui "babysitte" ses cadres. Ils deviennent autonomes », conclut Charles-Henri Besseyre des Horts. Pour Caroline Dana, co-auteur de l'étude chez Alixio, « il est urgent de renouer le dialogue ».


LAURANCE N'KAOUA


(* ) Enquête réalisée entre les 14 et 21 mai 2012 auprès de 2065 personnes


Lire l'article sur "Les Echos.fr"

Catégorie: 

Derniers articles "Lettre de motivation"

Comment écrire une lettre de candidature efficace : exemple à télécharger

14 Avril 2023
Être proactif est un moyen efficace de se faire connaître des recruteurs. Toutefois, candidater spontanément à un emploi est un vrai défi à relever. Vous êtes à la recherche d’exemples de lettres de motivation de candidature spontanée ? Pour vous aider à obtenir le poste que vous convoitez, découvrez nos astuces et notre modèle de lettre de candidature spontanée.

Candidature spontanée : comment réussir à attirer l’attention des recruteurs ?

14 Avril 2023
Proposer une candidature spontanée requiert davantage d’efforts, de détermination et d’initiative que de répondre à une offre d’emploi. Pourquoi opter pour cette approche au lieu de se contenter de répondre aux offres présentes sur le marché de l’emploi ? Quels bénéfices peut-on en tirer ? Et comment s’y prendre efficacement ? Découvrez toutes nos recommandations sur la candidature spontanée, et les clés pour réussir à attirer l’attention des recruteurs.

5 bonnes formules de politesse pour conclure vos lettres et mails de motivation

19 Septembre 2022
Souvent négligée, la conclusion de votre mail ou lettre de motivation peut desservir votre candidature. Mais votre conclusion, tout comme la formule de politesse utilisée, sont aussi importantes que votre introduction et le début de votre lettre / mail. Alors, comment pouvez-vous conclure votre courrier de motivation et choisir la bonne formule de politesse pour convaincre le recruteur de vous contacter ?

Quelles sont les bonnes pratiques de l’e-mail de motivation ?

31 Juillet 2020

Ces dernières années, la lettre de motivation que l’on joignait au CV a doucement cédé sa place à l’ e-mail de motivation. Version plus concise mais tout aussi importante, ce mail d’accompagnement ne s’improvise pas. Au contraire. Gardez en tête que ce message est le premier élément de votre candidature que lira le recruteur. Vous avez donc intérêt à y apporter un soin particulier, pour donner la meilleure impression possible. Quelles sont alors les bonnes pratiques du mail de motivation ?

 

3 exemples de mails de motivation

15 Octobre 2019
Le mail de motivation est un des éléments les plus décisifs d’une candidature. Premier contact avec le recruteur, il détermine en grande partie le regard qu’il va porter sur la lettre de motivation et le CV du candidat. Mal rédigé, il risque même de le dissuader d’aller plus loin. Cet élément crucial est pourtant bien souvent négligé et traité comme une simple formalité. S’il est relativement court, le mail de motivation doit cependant être personnalisé et adapté à chaque candidature. Voici 3 exemples de mails à utiliser en fonction des circonstances.

Dernières actualités ensoleillées

Meteojob face aux arnaques : vigilance et protection de nos utilisateurs

22 Mars 2024
Meteojob tient à réaffirmer son engagement absolu envers la sécurité et la protection de ses utilisateurs.

Explorer le marché de l'emploi : L'essor des contrats intérimaires

15 Mars 2024
L'émergence croissante des contrats intérimaires constitue une évolution significative qui devrait perdurer dans les années à venir. Dans un marché du travail de plus en plus fluide, les entreprises aspirent à des solutions flexibles pour répondre à leurs besoins changeants.

Entretien d’embauche : Oubliez le costume de “super-héros”, venez avec vos forces et vos faiblesses.

09 Février 2024
Préparez-vous dès maintenant pour votre prochain entretien en adoptant l'authenticité. Découvrez comment vos forces peuvent briller et vos faiblesses se transformer en opportunités. Votre réussite professionnelle commence par être vous-même !

La diversité en entreprise : Votre billet pour un job épanouissant.

31 Janvier 2024
La diversité en entreprise n'est pas simplement une tendance, mais un catalyseur pour un job épanouissant. Les entreprises diversifiées surpassent leurs homologues en rentabilité, innovation et satisfaction des employés. En choisissant une entreprise valorisant la diversité, vous investissez non seulement dans votre avenir professionnel, mais aussi dans un environnement de travail enrichissant.

Les secteurs qui recrutent en 2024 : Tendances et Chiffres Clés.

19 Janvier 2024
Les secteurs qui recrutent en 2024 : Tendances et Chiffres Clés. Le marché du travail est en constante évolution, et les secteurs qui recrutent évoluent également. Découvrez dans cet article les secteurs qui recrutent en 2024, et quels sont les métiers qui sont les plus recherchés.