2023 sera "l'année des compétences" selon la Commission européenne : quelles nouveautés pour les travailleurs ?

chloe.larmignat

L’initiative lancée par la Présidente Ursula von der Leyen dans son discours sur l'état de l'Union en septembre 2022 va consacrer 2023 à la promotion de la formation continue et du renforcement des compétences. L’objectif est d’aider les travailleurs à être plus compétitifs en s’adaptant aux évolutions de l’économie. Il existe actuellement des pénuries de personnel pour certaines professions dans différents secteurs, alors que seulement 37% des adultes suivent une éducation régulière.

Quelles nouveautés cette initiative apporte-t-elle pour les travailleurs en Europe ? Nous verrons comment la formation continue sera soutenue, quels dispositifs seront mis en place pour encourager le renforcement des savoir-faire et comment la France se situe par rapport aux autres pays européens.

Année européenne des compétences : quelles ambitions pour 2023 ?

Alors que la pénurie de talents touche de nombreux secteurs d’activité, l’UE souhaite consacrer les 12 prochains mois au développement de l’accès à la formation pour enrayer un manque d’expertises qui risque de présenter un danger pour l’économie de l’UE.

Depuis la fin de la période de confinements massifs, les initiatives se multiplient pour tenter de stopper une tendance profonde commencée avec la crise de la Covid-19.

En juin 2021, l’UE lançait des partenariats destinés à attirer les talents.

En avril 2022, la Commission européenne (dont le rôle est de promouvoir l'intérêt général de l'Union européenne en proposant des textes législatifs et en veillant à leur application, ainsi qu'en mettant en œuvre les politiques et le budget de l'UE) présentait une politique ambitieuse de migration légale. Ylva Johansson, commissaire aux affaires intérieures, disait : “La migration légale est essentielle pour notre reprise économique, la transition numérique et écologique [...]

Enfin, en juillet 2022, la Commission commençait le Nouvel agenda de l’innovation Européenne, avec le soutien de l’EIT (European Institute of Innovation & Technology) qui lança le 11 octobre 2022 son programme pour former 1 million d’Européens au Deep Tech avant 2025.

L’annonce de Mme Von Der Leyen lors de son discours de l’Union en septembre 2022 n’a donc surpris personne. Mais que peut apporter de plus cette année 2023 ? Et comment la France compte-t-elle participer à cet effort commun ?

La formation continue sera encouragée

En Europe, seuls 37% des adultes se forment, alors que des métiers de plus en plus numériques évoluent rapidement. Il devient crucial que les travailleurs mettent à jour leurs compétences tout au long de leur carrière.

La commission met en place cette initiative pour atteindre l’objectif fixé par la boussole numérique 2030, un plan européen qui vise 80% d’adultes possédant des connaissances de bases en informatique et 20 millions de spécialistes en Europe.

L'année européenne des compétences 2023 cible les salariés de tous niveaux d'expérience et de tous secteurs, avec un objectif de 60% d'adultes participant à des actions de formation chaque année. Cela peut inclure des cours de perfectionnement professionnel, des certifications, des programmes de mentorat et des stages.

Les États membres sont encouragés à développer des cursus ciblant les compétences les plus recherchées sur le marché de l’emploi, telles que les compétences numériques et les compétences liées à l'environnement.

Cela inclut des mesures pour faciliter l'accès à la formation, en particulier pour les travailleurs les plus vulnérables : les plus âgés, à temps partiel et dans des situations précaires. Il y aura également des incitations pour les employeurs à investir dans le développement des savoirs de leurs salariés, afin de les aider à relever les défis liés à la transition numérique et à l'automatisation.

La Commission européenne soutiendra la formation continue en fournissant des financements et en facilitant la coopération entre les entreprises, les établissements d'enseignement et les organisations de formation professionnelle.

Elle prévoit de renforcer les systèmes de validation des savoir-faire et de certification, pour permettre aux employés de valoriser leurs compétences et de les transférer d'un pays à l'autre. Ils pourront bénéficier d'une reconnaissance mutuelle des qualifications, ce qui facilitera les déplacements professionnels en Europe.

Quelles initiatives la France prendra-t-elle et comment se situe-t-elle par rapport aux autres pays européens ?

Elle n’a pas encore dévoilé de proposition importante dans le cadre de l’année des compétences.

Mais dès septembre 2022, le projet de loi de finances 2023 pour l’emploi, la formation et France Compétences annonçait une enveloppe budgétaire de 20,7 milliards d’euros pour le ministère du Travail, soit 6,7 Md€ de plus qu’en 2022.

Cette hausse est principalement expliquée par le coût des aides aux employeurs d'alternants, par une nouvelle subvention exceptionnelle au profit de France compétences (1,7 milliard d'euros) et par la re-budgétisation de la moitié du coût du PIC prolongé en 2023. 

Le Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) a mobilisé près de 15 milliards d’euros de 2018 à 2022 pour soutenir les actions de formations professionnelles destinées aux demandeurs d’emploi faiblement qualifiés, aux métiers en tension et à l’adaption des compétences touchées par les transformations numériques et écologiques.

Au programme de loi de finances 2023, on retrouve 4 grands axes en faveur de la formation et des compétences:

  1. Augmenter les moyens pour le ministère du Travail, principalement pour financer les aides aux employeurs d'alternants, une nouvelle subvention exceptionnelle pour France compétences et la poursuite des pactes régionaux du Plan d'investissement dans les compétences.
  2. Mettre en place France Travail pour mieux coordonner les actions d'accompagnement et de formation des chômeurs et des allocataires du RSA. Les dix départements volontaires mèneront des expérimentations courant 2023 et la création effective de France Travail aura lieu au 1er janvier 2024.
  3. Réduire les dépenses de l'État via la révision à la baisse des NPEC (niveaux de prise en charge des contrats d'apprentissage) reversés aux CFA (Centres de Formation des Apprentis) d'environ 800 millions d'euros.
  4. Le FNE-Formation sera reconduit et financé à hauteur de 300 millions d'euros, tandis que les Transco disposeront de 50 millions d'euros pour poursuivre leur mission.

Conclusion : le Parlement européen et le Conseil vont maintenant examiner la proposition de la Commission, en tenant compte des avis du Comité économique et social européen et du Comité des régions. 2023 sera l’année des compétences dans un contexte économique difficile et une forte pénurie de talents. Si les initiatives en faveur de la formation se multiplient en Europe, la France a déjà pris de l’avance avec l’annonce de son projet de loi de finances en septembre 2022.

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